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Les ciseaux génétiques

Les scientifiques utilisent des technologies permettant de manipuler des informations génétiques des cellules, notamment dans le but de découvrir la fonction de ces gènes. C’est un travail chronophage, fastidieux et parfois impossible. En 2020, il est désormais possible de modifier le génome, c’est-à-dire le code de la vie, en quelques semaines. Comment ? Grâce à la méthode CRISPR/Cas9 des « ciseaux génétiques ». Les scientifiques Emmanuelle Charpentier et Jennifer A. Doudna ont reçu en octobre 2020 le prix Nobel de chimie pour leur contribution au développement de cette méthode.

Efficace dans le traitement de maladies

Cette méthode offre une multitude de possibilités d’interventions dans le code génétique d’organismes vivants, qu’il s’agisse d’humains, d’animaux, de micro-organismes ou de plantes. Cela peut s’avérer utile dans le traitement de maladies telles que le cancer et les maladies héréditaires. La technologie CRISPR/Cas9 peut également être appliquée aux cultures agricoles. En modifiant son génome, on peut donner à une culture les propriétés souhaitées, la rendant résistante aux agents pathogènes, augmentant la rapidité de sa croissance ou son rendement.

Le fonctionnement des ciseaux génétiques

Les CRISPR, c’est-à-dire « Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats – Courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées ») sont un morceau d’ADN que l’on appelle séquence d’ADN. Les séquences CRISPR ont d’abord été découvertes dans des bactéries et des archéobactéries, où elles font partie d’un système immunitaire adaptatif qui peut reconnaître les virus infectieux. Une fois que les CRISPR ont reconnu le virus, un mécanisme se met en place : des enzymes (comme Cas9) « coupent » le matériel génétique du virus et le rendent inoffensif.

Les gènes responsables de maladies et autres gènes indésirables sont ainsi éliminés ; on peut même insérer des gènes « sains » ou souhaités dans le génome. Ce système a été modifié par les scientifiques de telle façon à ce qu’il fonctionne également sur les cellules animales et végétales. Les séquences CRISPR ont été développées pour reconnaître spécifiquement la partie pertinente du génome de ces cellules. La séquence CRISPR mène par exemple l’enzyme Cas9 vers cette partie du génome, où elle est coupée de façon sélective.

Une nouvelle génération d’inventions

Doudna et Charpentier ont demandé en 2012 un brevet pour la technologie CRISPR/Cas9, tout comme d’autres groupes de recherche travaillant sur la même technologie. Cette technologie a ouvert grand la porte à une toute nouvelle génération d’inventions. Depuis 2012, près de 10 000 demandes de brevets dans ce domaine ont été déposées par de nombreux scientifiques, institutions et entreprises. Une lutte pour les droits de brevet sur cette technologie a d’ailleurs éclaté entre deux de ces parties, l’University of California (à laquelle Doudna est rattachée) et un partenariat entre le MIT et l’université Harvard à Boston (Broad Institute, inventeur Zhang). Cette bataille juridique n’est pas encore terminée, et la décision de l’Office américain des brevets sera probablement différente de celle de l’Office européen des brevets. Dans ce cas de figure, il faut prendre en compte des aspects ayant trait au contenu ; il faut par exemple savoir qui a appliqué la technologie en premier à des cellules eucaryotes, comme des cellules animales ou végétales. Mais des questions juridiques jouent aussi un rôle, par exemple : les demandes de brevets ont-elles été déposées au nom de la bonne personne morale ?

 

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Annemie Swinnen

Annemie Swinnen

  • Mandataire en brevets européens
  • Associée principale
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